• Classement du bassin minier du Nord Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'UNESCO

    L'UNESCO projette le bassin minier du passé vers l'avenir

    Dimanche 1er juillet 2012 – La Voix du Nord

     

         Un petit quart d'heure pour l'UNESCO, un grand saut vers l'éternité pour le bassin minier... Hier en fin d'après-midi, le Comité mondial de l'UNESCO réuni à Saint-Pétersbourg pour sa 36e session annuelle a unanimement reconnu le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais comme appartenant au patrimoine mondial de l'humanité. Des larmes de joie, de soulagement mais surtout de fierté ont coulé sur les visages de la délégation française. Ce classement est l'aboutissement de dix ans d'efforts.

         « Tout simplement merci pour votre vote, merci pour tous les mineurs et leurs familles. Cette inscription n'est pas un détail de notre histoire mais notre histoire. Chez nous, les paysages ne sont pas faits de granit rose, de mers limpides, ou de sommets aux neiges éternelles. Chez nous, l'homme a creusé, a extrait, a construit des montagnes. Et l'idée même que l'histoire des mineurs vaut celle des rois change tout. » C'est par ces mots, la voix chargée d'émotion que Jean-François Caron, l'un des porteurs du projet de candidature, a remercié le Comité, devant la centaine de représentants d'État réunis dans l'hémicycle.

     

    Long suspense

         L'ambassadeur auprès de l'UNESCO, Daniel Rondeau, avait salué quelques minutes auparavant la force de ce dossier, le seul présenté par la France cette année : « Ce paysage de mémoire et d'histoire symbolise la noblesse du travail, difficile, dangereux. Il est aussi le symbole de ce pays qui s'est construit dans le grand mélangeur de ces marches. » Le suspense a été long. L'ordre d'examen par ordre alphabétique ayant à plusieurs reprises été chamboulé, l'étude du dossier est intervenue dans le dernier quart d'heure.

         Trois siècles d'exploitation charbonnière, dix ans de travaux autour de la candidature défilent en quelques minutes. La fosse Arenberg à Wallers, la fosse Delloye à Lewarde, le terril de Pinchonvalles à Avion, la base du 11/19 à Loos-en-Gohelle... une centaine de photos sont projetées aux yeux du monde rassemblé au palais Tavritchesky dans l'ancienne capitale impériale russe. L'ICOMOS, l'organe consultatif chargé d'émettre un avis auprès du Comité, a à peine achevé la présentation de son rapport que le coup de maillet donné par la présidente retentit. « Adopted. »Le bassin minier vient de remporter le prestigieux label de l'UNESCO déjà détenu par 37 sites français. Vive émotion pour les membres de la délégation française, qui avaient rejoint l'ambassadeur français à sa table. Gagnés par le stress d'un suspense insoutenable, ils s'étaient tous donné la main, pour se porter chance. Maintenant, les uns et les autres se tombent dans les bras, les larmes de joie et de soulagement se mêlent aux sourires.

     

    « Un juste retour »

         Ce verdict sauva le dernier ongle intact de Philippe Duquesnoy. Le maire de Harnes avait fait le déplacement à Saint-Pétersbourg pour représenter la communauté d'agglomération de Lens-Liévin : « Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas rongé les ongles. Je n'en ai presque plus, il était temps. Le monde entier a vu notre bassin minier. Quelle émotion de voir ma ville citée ! C'est un juste retour pour tous ces mineurs, nos parents.

         Aujourd'hui, on ne descend peut-être plus dans le fond, mais on leur a rendu leur honneur. » Pour l'équipe qui voit aboutir son projet, ce label est aussi un gage pour l'avenir, le début d'une renaissance pour un territoire en reconversion.

         « C'est une fierté et un honneur pour moi d'avoir participé à cette aventure », lâche Catherine O'Miel, la directrice de Bassin minier uni, très émue. « C'est une reconnaissance formidable. C'est maintenant de notre responsabilité d'en faire quelque chose. » 

         Pour Gilbert Rolos, président de Mission bassin minier, il s'agit maintenant « de faire vivre le label. On n'a pas le droit de décevoir l'UNESCO. Mais on a posé des jalons ».

         Mission bassin minier devrait dans les prochains mois absorber Bassin minier uni et mettre en œuvre le plan de gestion. Sa directrice d'études, Catherine Bertram, est confiante : « Nous travaillerons avec la force du réseau, avec les intercommunalités, les départements, le Centre historique minier, les associations. Nous avons maintenant une responsabilité collective. » L'ambassadeur n'est pas inquiet : « Ceux qui ont été capables de porter un tel dossier seront capables de le faire vivre. Avec autant d'obstination et de courage déployés pendant dix ans, c'est gagné ! »

     

     

    Sur la base du 11/19, des visiteurs heureux d'apprendre la nouvelle

         Visiter l'un des quatre grands sites de production du bassin minier est riche d'informations.

    Mais quand la sortie est programmée le jour des résultats du classement à l'UNESCO, elle abonde de fierté et de témoignages d'émotion. Depuis la base du 11/19 de Loos-en-Gohelle, les quinze participants apprennent que la terre qu'ils sont en train de fouler est désormais inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

         « C'est magnifique !, s'écrie Francis, de Tincques. Dans mon enfance, mes parents me racontaient l'histoire des mineurs. Grâce à ce classement, leur histoire ne s'éteindra jamais. Elle sera transmise de génération en génération. » Chantal, son épouse, se réjouit : désormais, « le regard des gens de l'extérieur va changer sur notre région ».

         Jean-Michel habite justement Paris, d'où les terrils étaient vus jusqu'alors comme « des tas de cailloux ». «  L'image du Nord va être redéfinie. On pourra y donner une véracité, y aller pour sa notoriété, commente-t-il. Car au fond, conserver ce patrimoine, c'est aussi préserver une grande histoire humaine. » Celle des mineurs qui se changeaient dans la salle des pendus, avant de descendre à plus de huit cents mètres. Cette annonce du classement résonne alors comme « une reconnaissance de leur travail », apprécie Cécile Hublé-Touquet. Et en tant que guide conférencière du pays d'art et d'histoire, elle « compte évidemment sur un pic de fréquentation à Lens ».

         Nicolas, un Haisnois de 28 ans, associe cette victoire du bassin minier à un profond changement. « Ça permettra de modifier l'opinion des gens d'ici qui trouvent que les terrils dénaturent le paysage. Et au moins, on ne pourra pas les raser. » Le bâtiment qui couvrait entre autres la machinerie, la lampisterie n'a pas eu la chance d'être classé. Un regret pour une participante : « Pour comprendre l'histoire de nos aïeux, je ne conçois pas que ces vestiges aient disparu. Et je pense que les touristes qui viendront grâce à ce classement s'attendraient à voir tout ça. »

         Sans réfuter cet avis, la spécialiste du pays d'art et d'histoire rebondit, enthousiaste : « Il y a d'autres lieux à visiter. Maintenant qu'on est inscrit à l'UNESCO, on ne peut ressentir que de la satisfaction. C'est tellement prestigieux ! »

     

     

    Au Centre historique minier de Lewarde : « On récolte ce qui a été semé ! »

         Simple coïncidence ou signe du destin ? Alors que les membres de l'UNESCO examinaient une à une les multiples demandes de classement à Saint-Pétersbourg, le Centre historique minier de Lewarde fêtait ses trente ans dans le Douaisis. Si bien qu'André Dubuc et son équipe se partageaient sur deux fronts. D'un côté l'accueil des visiteurs au pied des géants réunis fosse Delloye, de l'autre un oeil sur l'écran qui retransmettait en direct la séance du comité mondial. Comme c'était long, cette séance !

         Du coup, certains visiteurs lançaient, avant de visiter la fort belle exposition « Des machines et des hommes » : « Alors, l'UNESCO ? »

         Pour le directeur du centre, le classement consacre de longues années d'efforts. « J'ai une pensée pour Alexis Destruys, l'ingénieur féru d'histoire qui a voulu, dès 1973, qu'un site soit consacré à la mémoire de la mine... Grâce à son idée, les houillères se sont engagées. Avant la consécration de Saint-Pétersbourg, le terrain a été soigneusement labouré. Et l'on récolte ce qui a été semé depuis 1982 et l'assemblée générale constitutive. Notre centre, qui a accueilli trois  millions et demi de visiteurs depuis sa création, n'a pas manqué de prêter main forte à la mission, notamment sur les aspects scientifiques. En tout cas, grâce à cette décision et à l'ouverture du Louvre-Lens, on peut s'apprêter à vivre des années captivantes et essentielles pour la région ! »

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